à même la peau

 

 

Cyrille Auber :

 Toujours cet espace, “présent(e) absent(e)”, dans ces autoportraits.

Raphaële Colombi :

 Oui, je crois exactement que c’est là que “je” me situe, en tant que sujet, dans cette présence-absence : voir la phénoménologie… C’est aussi sans doute le refus de la femme-objet, par sa parcellisation.

Cyrille Auber :

Je pense que tout refus tient lieu aussi du désir, comme dit Hegel avant Freud, la conscience  est désir..

La (ma) question : que veut dire le corps?

Raphaële Colombi :

C’est le cœur du problème, sans aucun doute. Qu’est-ce que le corps ? Qu’est-ce qui le confond ou le sépare d’avec le sujet ? C’est sans aucun doute le thème de cette recherche plastique, tu m’as aidée à mettre les mots…Je n’ai pas la réponse : je crois que je veux me contenter de questionner, en faisant voir la limite entre ce qui est mon corps et le reste du monde, en me photographiant directement, sans passer par un miroir (image forcément parcellaire, donc ), en passant par la sensation, en réfléchissant sur la frange de ce corps, la peau…

Cyrille Auber :

Peut-être au fond le corps est-il le même pour tout le monde et qu’on essaye de l’oublier pour être sujet, revendiquer cette objective subjectivité de l’ego, tandis que le corps est le passage à tout, et ce tout est parfois, toujours, quelquefois de trop comme dirait S.., et sinon peut-on être son corps?

La peau, c’est la question du toucher, sans y toucher…

Raphaële Colombi :

Oui, cette définition du corps me parle. D’ailleurs, je pense qu’elle conviendrait à mon professeur de yoga…Elle correspond assez aux philosophies orientales.

Objectiver son corps dans une image, le transformer en objet du monde, c’est montrer le passage entre les dites subjectivité et objectivité pour peut-être mieux nier leurs existences séparées.

Le toucher, oui : sans doute que ce sens a quelque chose de particulièrement féminin, relié à la sensualité.

 

Entretien du 24 juillet 2006, sur le blog Trottoir bleu.

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